Procès du putsch manqué : Le coup d’État du 16 septembre 2015 reste toujours orphelin
C’est finalement ce lundi 26 novembre 2018 que se tient l’audition du Général Gilbert Diendéré dans le cadre du procès du coup d’ État du 16 septembre 2015. Finalement parce qu’après de longues attentes, les burkinabè ont pu enfin entendre le Général affirmer n’avoir ni commandité, ni planifié, ni organisé et exécuté selon lui, ce que d’aucun appellent un coup de force.
Quelqu’un a dit un jour que la victoire à mille pères, la défaite est orpheline. On comprend donc aisément et sans déception que le coup d’État que certains se plaisent à qualifier de plus sot de l’histoire de l’humanité soit orphelin de père et de mère car pour être une défaite, il l’est d’une manière cuisante. Le général ne reconnaît pourtant pas les faits qui lui sont reprochéreprochés. Les faits justement sont: « attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtres, de coups et blessures volontaires, d’incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline militaire et de trahison».
Du rôle qu’ à joué exactement le général dans le coup d’ État selon lui.
«Je me suis vu obligé de me porter au devant des choses bien que n’ayant pas moi-même été associé à la préparation », affirme Diendéré.
Ainsi donc, le général affirme s’être engagé dans une situation dont il n’avait aucune connaissance ni aucune implication. Il était calmement chez lui, plongé dans ses pénates comme d’habitude et voilà que, comme par un coup de baguette magique, il se retrouve à la tête d’un coup d’État au cours duquel, les communiqués et les déclarations étaient signés à son nom. Il n’en est pas le responsable dit – il. Rien d’étonnant, car il y a très peu de gens pour assumer la responsabilité de leurs actes, surtout quand ces actes sont éhontés et salissant.
Qui a donc commandité le coup d’État?
Le général reste vague sur la question ou du moins, parle avec beaucoup d’insinuations. En effet, il dit ceci: «Je me suis dit que s’il fallait laisser les sous-officiers gérer la situation, ça n’allait pas bien se passer ». Fois de Gilbert Diendéré.
On se dit bien, serait-ce donc les sous officiers qui orchestrèrent ce putsch? On serait tenté de répondre naïvement par l’affirmative, sauf que les sous officiers également nient tout en bloque et jurent sur leurs vies n’avoir fait que leurs boulots, exécuter des ordres. Les militaires justement obéissent. Mais à qui?
Ils obéissent au général visiblement car, celui – ci étant le commandant en chef du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) au moment des faits. Mais, lui affirme que ce n’est pas lui le cerveau du putsch. Quel embrouillamini?
Et quand on veut comprendre comment le général s’est retrouvé dans cette situation, il affirme ceci:« l’intransigeance des éléments ayant été constatée par les facilitateurs, il a été recommandé que le pouvoir d’Etat soit assumé par les forces armées nationales. Cette recommandation n’a été nullement contestée par les responsables militaires sous prétexte qu’ils n’ont pas été associés à la préparation. Je me suis vu obligé de me porter au devant des choses bien que n’ayant pas moi-même été associé à la préparation ». Pour mieux comprendre ce qui précède, revenons-en aux faits. Il faut donc comprendre qu’après l’interruption du Conseil des Ministres le mercredi 16 septembre 2015 et l’arrestation des autorités dont le Premier Ministre Isaac Zida et le Président Michel Kafando, il s’est tenu une rencontre entre la hiérarchie militaire et des personnes ressources dont l’ancien président Jean Baptiste Ouedraogo. Séance au cours de laquelle, il fut décidé d’une rencontre avec lesdits officiers (ceux la même qui jurent n’avoir obéit qu’aux ordres) et c’est au regard de leur intransigeance que le Général Diendéré se senti obligé de sauver la situation que les officiers n’étaient pas visiblement à mesure de contrôler. C’est donc avec l’implication salvatrice du général que ces nombreux morts et blessés ont été enregistrés?
Mais qui a commandité le putsch?
Le putsch est simplement orphelin jusqu’à preuve du contraire. Les officiers jurent n’avoir obéit qu’à des ordres. Le général de son côté affirme avoir été mis devant le fait accompli. Le coup de force est tel un mort né dont aucun des courtisans ne revendique la paternité. Dans une telle situation, un test ADN s’impose afin qu’on puisse établir avec certitude et scientificité l’identité du père. Parmi les 20 millions de burkinabè, y aurait-il un seul qui puisse avoir le courage de s’assumer? Car, quelque soit la position de chacun, ce putsch n’est pas né ex – nihilo, ce n’est encore moins un phénomène naturel. C’est bien l’oeuvre humaine et cet humain doit avoir le courage de répondre un jour de ses actes.
Nourdine CONSEIBO
nconseibo@gmail.com