Le saviez-vous ?: Le 16 janvier 1920, l’alcool est prohibé aux États-Unis.

Les Etats-Unis, longtemps une terre d’immigration, ont accueilli entre autres des populations irlandaises et écossaises…lesquelles ont apporté leur savoir-faire en matière de distillation. En tenant compte des ressources locales, des céréales et des caractéristiques climatiques, ces néo-américains ont construit nombre de distilleries familiales ou légales. L’alcool fut alors montré du doigt, par le biais des saloons qui le servaient et qui représentaient eux-mêmes des lieux de débauche, détournant les hommes de leurs obligations familiales ou professionnelles. C’était sans compter sur une nation habituée aux décisions tranchées…

Origines de la prohibition

Dès le XIXème siècle des sociétés de tempérance ont prôné la mise hors-la-loi des boissons alcoolisées ; celles-ci accusées d’engendrer délinquance et maladies devaient disparaître purement et simplement. Emmenées par des femmes et des prédicateurs, ces sociétés saluaient la fermeture des saloons, défilaient dans les rues et prirent une place dans la vie politique.

Ainsi, la première dame des Etats-Unis, Lucy Hayes, femme du président Rutherford B. Hayes, interdit-elle tout alcool à la maison blanche durant l’investiture de son mari…elle y gagna le surnom de « Lemonade Lucy »…
Les esprits étaient cependant prêts au régime sec, ce qui advint en octobre 1919 puis au niveau fédéral en janvier 1920 par le Volstead act qui «interdisait la production, la vente et le transport » des boissons dont le degré d’alcool était supérieur à 0,5%.

La prohibition, bien connue aux Etats-Unis, fut cependant appliquée presque à l’identique beaucoup plus près de chez nous durant la même période en Finlande et en Norvège notamment…le bourbon et le whiskey devaient être plus populaires que l’aquavit…

Conséquences de la prohibition

Plus de bière, ni de vin, ni de malt, donc fin des bagarres et de l’ivrognerie ? Un peu trop simple comme scénario…sans vouloir critiquer le bien-fondé des lois sur l’alcool, disons que le raisonnement des instigateurs fut bien naïf.
Loin d’éradiquer la délinquance, la loi anti-alcool fut au contraire un vecteur de croissance de la mafia ; l’alcool, produit rare, donc cher, permit aux fraudeurs de percevoir des revenus énormes. Les distillateurs, vignerons et autres professionnels de l’alcool, désormais au chômage, tombèrent dans l’illégalité ; ils devinrent « bootleggers », autrement dit contrebandiers, à la solde de gangs bien organisés qui se livrèrent une guerre sans merci pour obtenir le monopole de la distribution des boissons alcoolisées. Les bars, reconvertis en salons de thé ou épiceries, disposaient d’arrière-boutiques où se mêlaient l’alcool, la drogue, le jeu et la prostitution…tout l’inverse de ce que la loi avait envisagé ! On a ainsi estimé que la fermeture des 15 000 débits de boissons légaux avaient donné naissance à plus de 30 000 « speakeasies » (nom donné aux bars clandestins…parce qu’il fallait le prononcer à voix basse de façon à ne pas risquer de renseigner les agents fédéraux !). Les sommes colossales ainsi engrangées permirent d’acheter facilement des complicités parmi les politiciens, juges et policiers ; ce fut l’âge d’or de la corruption (si vous préférez l’image au texte, repassez-vous « Miller’s crossing » des frères Coen…l’ambiance y est fidèlement rendue…sur un ton décapant, cela va de soi !)

Notez au passage qu’à cette époque, la qualité des whiskeys, bourbons et autres douceurs céréalières s’était nettement dégradée ; logique puisqu’il n’y avait plus de contrôle !

Et finalement, à qui profite le crime ?

En dehors des Al Capone et confrères, des états riverains ont pu en toute légalité retirer quelques bénéfices de cette loi…la France notamment !

Saint-Pierre et Miquelon, ça vous dit quelque chose ? Allez, ouvrez un atlas : un petit archipel perdu au large de Terre Neuve dans l’Atlantique nord ; pas un petit coin de paradis au regard du climat, mais une position très stratégique à cette époque. Ce territoire d’outre-mer (DOM à l’heure actuelle), n’était pas concerné par les lois sur la prohibition. Les producteurs écossais ou irlandais l’utilisèrent alors comme tremplin pour faire entrer en fraude leur production aux USA…le gouvernement local percevant au passage une petite taxe pour le transit de chaque caisse d’alcool, cela a permis de compenser provisoirement le déclin de la pêche à la morue !

Provisoirement car en 1933 le vote du XXIème amendement mettait un terme à la prohibition des boissons alcooliques dans la majorité des états américains, le Kansas et Le Mississipi jouant pour quelques années encore les prolongations.

Figures légendaires : Alphonse, Eliot

Alphonse Capone, dit Al Capone : (1899 – 1957). Le plus emblématique des gangsters américains du début du XXème siècle. Né à New York, il fait ses classes dans les bandes d’adolescents délinquants de Brooklyn, puis part pour Chicago où il devient le bras droit de Johnny Torrio. Il succède à celui-ci et entreprend une guerre sans merci contre les bandes rivales ; il est notamment accusé d’avoir organisé le massacre de la Saint-Valentin le 14 février 1929 qui vit la mort de ses principaux rivaux.
Protégé par une administration corrompue et par ses méthodes d’intimidation, il ne fut inculpé que de fraude fiscale en 1931. Reconnu coupable, il fut condamné à 11 ans de prison et finalement libéré en 1939. Il mourut en Floride en 1947 des suites d’une syphilis mal soignée.
De nombreuses fois interprété à l’écran, par Robert De Niro notamment, il eut également les honneurs de la BD…croqué par Hergé dans « Tintin en Amérique ».

Eliot Ness : (1903 – 1957). Né à Chicago de parents norvégiens, il fit des études de droit et d’économie puis plus tard de criminologie. D’abord enquêteur pour le compte d’une entreprise de crédit, il intègre le département du trésor en 1927. Chargé de faire respecter le Volstead Act, il s’entoura d’hommes de confiance et démantela de nombreux réseaux de fabrication et de distribution d’alcool. Il contribua fortement à la chute de l’empire d’Al Capone et fut nommé chef du bureau de la prohibition en 1934. Il quitta ce poste en 1942…à cause d’un accident de la route dû à l’alcool !!!
Il se consacra à la rédaction du livre « The intouchables » publié en 1957 et décéda peu après d’une crise cardiaque. Interprété au cinéma par Kevin Costner et à la télévision par Robert Stack, il inspira même des agences de pub… si, si, si, rappelez-vous « Ca a la couleur de l’alcool, ça a le goût de l’alcool, mais ça n’est pas de l’alcool » !!!

Cette période de l’histoire ressemble beaucoup à nos jours avec la prohibition du cannabis. Pour sortir de la crise et connaître toutes les vertus de cette plante miracle… LEGALISATION DU CANNABIS !

 

L’Orient Le Jour

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