Mortalité maternelle et infantile : Ces chiffres qui donnent froid dans le dos

Le samedi 19 novembre dernier a eu lieu à Ouagadougou la session ordinaire du comité national de suivi de la mise en œuvre des stratégies et programmes de réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. La rencontre, présidée par la première Dame, a permis aux participants d’analyser des données essentielles sur les progrès du Burkina Faso dans l’élimination des décès évitables de la mère et de l’enfant, et l’atteinte de l’accès universel à la santé reproductive.

Le constat général que l’on peut faire est que le taux de mortalité des enfants et des femmes enceintes est très élevé au Burkina Faso, c’est ce qui ressort de l’analyse des données essentielles sur les progrès du Burkina Faso dans l’élimination des décès évitables de la mère et de l’enfant et l’atteinte de l’accès universel à la santé reproductive par le ministère de la Santé.
En ce qui concerne la santé de la reproduction par exemple, il convient de signaler que selon le rapport, sur 100 000 naissances vivantes, 330 femmes meurent des suites de grossesses au Burkina Faso. Dans le même rapport, il ressort qu’une femme meurt toutes les 5 heures en voulant donner la vie. On peut également lire que près de deux filles sur dix ont leur premier enfant avant d’atteindre l’âge de 19 ans. Cela témoigne du nombre élevé de grossesses précoces. Les conséquences sont entre autres les avortements clandestins, les abandons scolaires et des décès.
En ce qui concerne la santé de la mère et du nouveau-né, toujours selon le rapport, 29% de femmes meurent de suite d’hémorragie au cours de l’accouchement. Cette situation témoigne de l’insuffisance de la mise en œuvre des soins obstétricaux et néonatals d’urgence de qualité si on se réfère à l’analyse produite dans ledit rapport. Selon les spécialistes, la majorité de ces décès aurait pu être évitée si les femmes avaient recours tôt aux services de santé pour les consultations prénatales, les accouchements et les soins aux nouveau-nés. Si les participants à l’atelier ont salué l’effort des autorités dans la lutte contre ce que l’on peut qualifier de fléau, ils ont estimé que des efforts de sensibilisation restent à faire. En effet, ils ont confié que malgré la gratuité de la consultation prénatale depuis plus de 10 ans, les femmes continuent de venir tardivement pour la consultation prénatale et n’arrivent pas à atteindre au moins quatre consultations prénatales recommandées pour un accouchement à moindre risque.
Sur la santé de l’enfant les chiffres sont tout aussi alarmants. En effet d’après les rapports, 60 000 enfants de moins de 5 ans sont décédés en 2015. 42% de ces décès sont dus au paludisme, à la pneumonie et à la diarrhée, soit 25 200 enfants décédés. Le rapport confie que 69 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour soit 3 décès par heure de ces trois maladies.
Le plaidoyer des participants

grossesse_civAu regard de ces chiffres effroyables qui ont été publiés, l’on peut déclarer qu’il est urgent de poser des actes concrets afin de venir à bout de ces fléaux. C’est donc dans cette optique que les participants ont rappelé que malgré les efforts consentis par les autorités pour subventionner les produits contraceptifs, force est de constater qu’ils ne sont toujours pas à la portée des femmes surtout en milieu rural. Par conséquent, ils ont évoqué la nécessité de rendre lesdits produits gratuits. Ils ont également invité les autorités à s’impliquer de façon fondamentale pour la prévention des grossesses précoces et la gestion des complications y afférentes en ce qui concerne la santé de la reproduction. Les chefs coutumiers et religieux, les organisations de la société civile et les leaders communautaires très écoutés ne doivent pas être mis de côté dans la présente lutte, si on en croit les recommandations publiées à l’issue des travaux. En effet, les participants ont estimé que ces derniers doivent être associés dans la sensibilisation des populations en général et les hommes en particulier pour les amener à mieux s’impliquer dans les questions de planification familiale.
Pour ce qui est de la santé de la mère et du nouveau-né, ils ont recommandé à ce qu’il soit alloué suffisamment de ressources pour la formation continue du personnel et les intrants. Il est non seulement impératif d’assurer le passage à l’échelle de la prise en charge des maladies « tueuses » de l’enfant au niveau communautaire, mais aussi de renforcer les capacités des formations sanitaires et la disponibilité des intrants, selon les participants.

Par Alex SAWADOGO

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