Procès putsch : Le sergent-chef Siénini Médard Boué a vu ses frères d’arme frappés des manifestants
Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 suspendu 24 heures à cause de la fête du mouton a repris ce mercredi 22 août 2018 avec deux accusés à la barre. Il s’agit du sergent, Zoubélé Jean Martial Ouédraogo et du sergent-chef Siénini Médard Boué, sergent au moment des faits. Le premier poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de coups et blessures, et de meurtre, il a réfuté les charges qui pèsent contre lui. Le second qui lui accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de coups et blessures, a fait de même. Il a confié cependant avoir vu des éléments du RSP frappés des manifestants devant l’hôtel Laïco.
Le lundi 20 août 2018, le caporal Saidou Lankoandé avait cité le nom du sergent Zoubélé Jean Martial Ouédraogo comme celui qui est venu le chercher pour l’amener à la Place de la Nation pour une reconnaissance ; où il a frappé avec sa cordelette un manifestant. A la suite du caporal, le sergent était à la barre ce mercredi 22 août 2018 pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de coups et blessures et de meurtre. Il a rejeté les charges qui pèsent contre lui. Il explique que le 16 septembre, il a eu vent d’une attaque qui se déroule à la présidence. A la suite de cette information, il a confié avoir reçu l’ordre de son supérieur lui demandant de se rendre au camp. Arrivé le prévenu a souligné avoir vu les éléments en tenue correcte selon ses mots. Il explique qu’il lui a été demandé de se mettre également en tenue. Après s’être changé, il a déclaré avoir rejoint le rassemblement où il leur a été demandé de garder le calme et que les supérieurs viendront leur donner des informations. C’est donc étant au rassemblement que l’ordre lui a été donné de faire des rondes. Le lendemain soit le 17 septembre, l’accusé va reconnaitre s’être rendu à la Place de la Nation sur ordre de son supérieur pour vérifier si des éléments du RSP s’y trouvaient. La raison avancée est que lors du rassemblement, les supérieurs se sont rendus compte que des éléments étaient absents de même que des véhicules qui manquaient au camp. Il confie qu’à la Place de la Nation, il avait fait comprendre à ses éléments qu’il ne veut pas entendre de coup de feu. De retour au camp, le sergent va confirmer ne plus être sorti car le quartier était consigné a-t-il soutenu. Il va affirmer que c’est après le 17 qu’il a eu vent du coup d’Etat.
Il semble que l’accusé n’a pas convaincu la partie civile en témoigne les propos de Me Séraphin Somé qui va déclarer qu’il est de mauvaise foi. Il rappelle que dans ses explications il avait indiqué qu’il a suivi le communiqué du commandant Bamba à la télévision ; lequel annonçait le coup d’Etat a-t-il soutenu.
Les autres l’en veulent pour s’être rendu
A la suite du sergent Martial Ouédraogo, c’est le sergent-chef Siénini Médard Boué, sergent au moment des faits qui a été appelé à la barre. Comme son prédécesseur il n’ pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. A l’en croire, il n’était pas de service le 16 septembre 2015. C’est étant de repos chez lui, qu’il a reçu un appel de sa femme aux environs de 14 heures, l’informant que les autorités de la Transition ont été arrêtées en Conseil des ministres. Il poursuit en confiant qu’elle lui a demandé de ne pas se mêler à cette affaire. Selon l’accusé, il a suivi les conseils de sa femme qui, il faut le rappeler est une gendarme. Il explique que son absence ayant été constatée au camp, le major Eloi Badiel l’a appelé pour le menacer. Se retrouvant dans un dilemme, le sergent a confié qu’il a attendu le lendemain soit le 17 septembre avant de se rendre au camp, où il a vu des éléments et le major qui lui a demandé d’aller se mettre en tenue. Il rappelle qu’il n’avait pas le choix car s’il ne s’y rend pas, il risquait d’être recherché par ses collègues surtout que sa femme est une gendarme. Dans son récit, le prévenu va indiquer qu’une fois en tenue, le sergent-chef Mahamadou Bouda va lui demander de garder les autorités ; un ordre que le sergent a confirmé avoir refusé d’exécuter. La raison avancée est qu’il a été un conducteur du président et que ce dernier le connait très bien.
Si le sergent Siénini Médard Boué a confié à la barre avoir tenté de se soustraire du camp à mainte reprise sans y arrvier. A l’en croire, c’est le 22 septembre qu’il a réussi en se rendant à la gendarmerie avec l’aide d’un ami. La mission qu’il a reconnu avoir effectué était la protection du président Macky Sall les 18 et 19 septembre. Il va également nier avoir participé à un quelconque rassemblement.
Il faut rappeler que le prévenu a été cité par le sergent-chef Ali Sanou et le soldat de 1ère classe Bouréima Zouré comme ayant été leur conducteur ; un rappel qui a été fait par le parquet militaire. L’accusé va réfuter ce fait. D’après lui, ces deux éléments lui en veulent pour la simple raison qu’il s’est rendu à la gendarmerie.
Il va faire une révélation selon laquelle il a vu des éléments du RSP, certains brûlés les motos des manifestants, et qui ont même frappé des membres d’OSC qui chantaient le Dytanié à l’hôtel Laïco étant au 10e étage dudit hôtel. Au regard de son récit, l’avocat de la défense, Me Paul kéré estime que le sergent n’a pas à se retrouver sur le banc des accusés. Il déclare à cet effet : « on ne peut pas comprendre qu’une personne qui a refusé d’exécuter des ordres et qui s’est rendu très tôt à la gendarmerie puisse faire l’objet d’une poursuite ».
Thierry AGBODJAN