Procès putsch manqué : Aucun des accusés de ce jour ne reconnait les faits

Poursuivi devant le Tribunal militaire pour son rôle dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, le sergent Abdoul Nafion Nébié n’a pas reconnu les faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures et de dégradation aggravée de biens qui pèsent contre lui. Deux autres accusés à savoir le sergent Nobila Sawadogo et le soldat de 1ère classe Medanimpo Lompo appelés aussi à la barre, vont déclarer être non coupables. C’était le lundi 23 juillet 2018 à Ouagadougou.

Radié de l’armée à la suite de sa condamnation pour 10 ans de prison à la suite du procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi, Abdoul Nafion Nébié est de nouveau face à la justice militaire. Cette fois-ci c’est dans le cadre du procès du putsch manqué qu’il est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures et dégradation aggravée de biens. Le caporal au moment des faits a plaidé non coupable. Il explique que c’est son chef de poste adjoint qui l’a annoncé par téléphone que le quartier était consigné. Suite à cette information, il a confié avoir rejoint son poste qui était au Conseil de l’entente non loin de la Radio nationale vers 14 heures, où il dit être resté. Les jours suivants, le prévenu a indiqué avoir participé à un rassemblement général au Poste de commandement PC et à la rencontre avec le président sénégalais, Macky Sall ; tout en étant incapable de se rappeler des dates et de ce qui a été dit lors des deux rencontres. Pour ce qui est des sorties, le sergent va indiquer qu’il a juste accompagné l’équipe de Ali Sanou chercher du pain pour les pèlerins.
Il faut dire que ses explications n’ont pas convaincu le parquet militaire qui va déclarer que certains propos de l’accusé contrastent avec ceux de l’interrogatoire au fond devant le juge d’instruction. Ce point de vue du procureur militaire ne sera pas partagé par l’avocat du prévenu Me Alexandre Sandwidi. Il va confier que son client a été clair sur ce qu’il a eu à faire. Il juge les propos du procureur militaire comme étant une analyse faite par ce dernier qui selon lui n’a pas d’éléments probants pour incriminer son client et estime que ce n’est pas le moment de faire ces analyses.

« C’est parce que ce n’est pas bon qu’on nous envoie », sergent Nobila Sawadogo

Dès l’ouverture de l’audience ce lundi 23 juillet 2018, c’est le sergent Nobila Sawadogo qui a été appelé premièrement à la barre. Après la citation des faits qui lui sont reprochés par le président du Tribunal, il a plaidé non coupable. Il explique que c’est sur une information d’un ami qu’il a su qu’il a su qu’il y avait une situation anormale à la présidence. Pour mieux se renseigner il dit avoir appelé le sergent Yonli G. Jean qui va l’informer que le major Eloi Badiel lui dit de rejoindre la présidence. Il explique qu’à son arrivée, il a été affecté à la sécurité de la résidence où étaient gardées les autorités sans qu’il ne soit au courant. Il a indiqué être resté jusqu’au 17 septembre, où le caporal Léonce Sow et le caporal Kafando sont venus le chercher. A l’en croire, ils lui ont fait comprendre qu’il a été affecté à la sécurité du général ; une tâche qu’il souligne n’avoir pas exécuté avec honneur. « Ce n’est pas bon c’est pourquoi on nous envoie » a-t-il soutenu. Il va poursuivre en promettant qu’il n’était pas au courant de ce qui se passait car « c’est par la suite que j’ai appris que le général a perpétré un coup d’Etat » a déclaré le prévenu. Il va justifier ses propos par le fait qu’étant affecté à la sécurité du général, il n’a pas le temps pour suivre la télévision. Accusé par certains de ses supérieurs lors de leur audition devant le juge d’instruction, d’avoir pris part à une concertation, l’avocate du sergent, Me Flore Toé va réfuter cette accusation. Confiant qu’ils ont sollicité une confrontation avec ces derniers qui n’a jamais eu lieu.

Le soldat de 1ère classe Medanimpo Lompo à la barre

Le troisième accusé appelé à la barre au cours de la journée d’hier est le soldat de 1ère classe Medanimpo Lompo. Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat ; meurtre ; coups et blessures, il a déclaré ne pas reconnaitre les faits. Pour sa défense, il a confié que le 17 septembre 2015, il était de garde à un poste intermédiaire à la présidence. C’est donc étant à ce poste, qu’un jeune est venu le chercher sur ordre du major Eloi Badiel, a-t-il indiqué. Il va souligner que ce dernier l’a ordonné de renforcer la garde à la résidence où étaient gardées les autorités, sans lui donner d’autres explications. A l’en croire, c’est le lendemain donc qu’il a appris que ce sont les autorités de la Transition qui étaient détenues dans ladite résidence qu’il a affirmé avoir gardé durant trois jours. Invité à parler des autres missions à laquelle il a pris part, le prévenu est catégorique, il n’a participé à aucune autre mission. Il va plus loin en niant avoir participé également à un quelconque rassemblement. Afin d’amener le Tribunal à croire en sa déclaration, il va rappeler qu’à l’issue des trois jours de garde à la fameuse résidence, il ira s’inscrire au camp 11.78 où il a restitué son arme, répondant ainsi à l’appel du chef d’Etat major général des armées.

Thierry AGBODJAN

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