Procès putsch manqué : Les larmes du capitaine Zoumbri
Le capitaine Oussène Zoumbri répond de cinq chefs d’accusation dans le dossier du putsch manqué. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, complicité de meurtre, coups et blessures, dégradation aggravée de biens, incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline, celui qui a rejeté les faits qui lui sont reprochés à fondu en larme à la barre le lundi 17 septembre 2018 en tentant de se défendre.
L’émotion était à son comble dans la salle d’audience ce lundi 17 septembre 2018 quand le capitaine Oussène Zoumbri est passé à la barre pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de complicité de meurtre, de coups et blessures, de dégradation aggravée de biens, et d’incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline. L’officier militaire de l’ex-RSP a fondu en larme devant le juge du tribunal et avait même du mal à répondre aux questions qui lui ont été posées à un moment donné. Bien entendu, il n’a pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. « On peut me reprocher de n’avoir pas essayé d’arrêter le coup d’Etat, mais dire que je suis complice je ne pense pas » a-t-il soutenu. S’il a pleuré, c’est parce qu’il estime qu’il ne devrait pas être sur le banc des accusés. Il explique qu’à la dissolution du corps, il a voulu se conformer à la décision prise par la hiérarchie militaire mais s’est heurté au refus de son chef de corps qui lui demandé de rester afin d’assurer le désarment. En bon soldat, il a suivi l’ordre qui lui a été donné, mais s’est heurté par la même occasion à des menaces de certains éléments tels que : Nafion, Ollo Poda, Zerbo mohamed, Djerma qui s’y opposaient. Ces derniers, le qualifiait de traitre ainsi que d’autres officiers de son rang tout en déclarant ne plus leur faire confiance si on s’en tient à ses confidences. C’est étant entre le marteau et l’enclume que le capitaine ainsi que d’autres officiers ont effectué cette mission qui à l’en croire, a permis de récupérer des armes que la salle d’audience ne pouvait même pas contenir. Le pire selon lui, c’est quand les sous-officiers opposés au désarment, prenaient du plaisir à les narguer avec des armes dont ils avaient en leur possession ; « comme dans les films américains » a-t-il indiqué. C’est dire que la situation était vraiment critique et ce n’est pas l’accusé qui dira le contraire. Pour preuve, il va faire cette déclaration : « Lors du désarmement on a été menacé par nos hommes. Il y a des chefs militaires même qui ont eu à dire qu’ils ne viendront pas au camp du RSP car c’est dangereux ». Il va poursuivre en confirmant qu’un groupuscule s’était formé autour du sergent-chef Roger Koussoubé qui à l’en croire dictait sa loi au camp Naaba Koom II. Dans son récit, il va indiquer qu’ils ont eu à séquestrer un jour le capitaine Kouda ; et ce n’est qu’à la suite de négociations qu’ils vont le libérer d’après le capitaine. Il regrette l’absence de réaction du haut commandement malgré les comptes rendu qui lui ont été fait sur les agissements de ces éléments.
Il était de la réunion du collège des sages et de Macky Sall
Pour avoir participé à la réunion avec le collège des sages, le prévenu a indiqué qu’au cours de cette rencontre, les éléments du RSP ayant pris la parole, ont fait part de leur mécontentement vis-à-vis de la Transition et des crises qui ont secoué le corps. Lui personnellement, ayant appris pour le coup d’Etat mais sans avoir eu de confirmation, va demander à l’évêque de savoir si la crise a un lien avec le rapport déposé quelques jours plutôt par la commission réconciliation nationale qu’il dirigeait. Sans lui donner une réponse, selon le capitaine, l’évêque de Bobo, monseigneur Paul Ouédraogo va demander la libération des autorités de la Transition a-t-il indiqué. Il explique que faute de consensus au cours de cette réunion, les différentes parties se sont séparées dos-à-dos.
Pour ce qui est de la rencontre avec Macky Sall, l’accusé y était. Il a confié qu’au cours de cette rencontre, le président sénégalais leur a fait savoir que la période où les militaires prenaient le pouvoir par la force est révolue ; par conséquent, aucune communauté internationale n’allait reconnaitre le coup d’Etat. C’est lui d’après le capitaine qui a dit qu’il verra si on pouvait accorder l’amnistie à certains éléments.
Le capitaine permet à ses hommes de s’échapper avant de se rendre
Un point qui mérite d’être soulevé, c’est l’arrestation du capitaine Oussène Zoumbri. Selon ses explications, il a quitté le camp le 29 septembre où il s’est rendu chez lui au Conseil de l’entente. Appelé par son chef de corps alors qu’il dormait, il confie qu’il a informé que le Conseil de l’entente était encerclé. Ayant confirmation, de l’information qui lui a été transmise, l’officier va déclarer s’être rendu tout en prenant soin de dire à ses hommes de se mettre en tenu civile et passer par la porte de derrière.
L’on se rappelle que lors de l’interrogatoire du Lieutenant Limon en poste au ministère de la défense, ce dernier avait été accusé d’avoir échangé avec le capitaine Zoumbri des messages qui ont pour but d’assoir le coup d’Etat. Tout comme le lieutenant, il va déclarer ne pas reconnaitre lesdits messages. Il va confirmer les dires de ce dernier pour ce qui est de la relation d’amitié qui les lie depuis fort longtemps ; en confiant avoir échangé avec lui certains messages mais pas ceux compromettants.
Thierry AGBODJAN