Lutte contre le tabac au Burkina Faso : ACONTA invite l’industrie du tabac à respecter les textes
L’Association Afrique Contre le Tabac (ACONTA) a organisé une conférence de presse ce mercredi 9 août 2017 à Ouagadougou. Objectif : faire l’état de la situation qui prévaut dans la lutte contre le tabac au Burkina Faso. Les conférenciers invitent l’industrie du tabac à se conformer aux textes en vigueurs au Burkina Faso.
L’industrie du tabac refuse toujours de se conformer aux textes en vigueurs. C’est l’information principale qui a été donnée par ACONTA et ses partenaires au cours de cette conférence de presse. Cette lutte de longue haleine que mènent ACONTA et ses partenaires est loin d’être terminée tant que l’industrie du tabac n’appose pas des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes. Cela fait maintenant plus d’une année que le bras de fer est tendu entre l’industrie du tabac et le ministère de la santé burkinabè. Les acteurs de la lutte contre le tabac, (ACONTA, la Ligue des Consommateurs du Burkina (LCB), le Réseau des Journalistes Antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF), l’Union des Associations contre le tabac (UACT) et bien d’autres) ne se sont jamais lassés d’attirer l’attention des autorités sur la « non application du décret portant conditionnement et étiquetage des produits du Tabac en particulier et sur la non application de la loi antitabac de façon générale » par l’industrie du tabac.
Ainsi, le 11 avril dernier, le tribunal de Grande instance de Bobo Dioulasso ouvrait le procès qui opposait le ministère de la santé et la Manufacture Burkinabè des Cigarettes (MABUCIG). Au cours de ce procès, la MUBICIG avait incriminé des articles de la loi antitabac comme étant anticonstitutionnels. Cette question d’inconstitutionnalité a créé un blocage dans la procédure depuis plus de 120 jours maintenant et les acteurs de la lutte antitabac attendent impatiemment son déblocage.
Dans l’optique de garantir la santé des populations, ACONTA et ses différents partenaires exigent « l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes au Burkina Faso », et le « retrait sans délai de l’arrêté relatif aux normes CODENTIFY ». Selon les explications de Salif NIKIEMA, Coordonnateur de ACONTA, « le CODENTIFY est un système qui appartient à l’industrie du tabac et qui échappe au contrôle de l’Etat ». Pour se faire, pense-t-il que le retrait de ce système réduira un tant soit peu le nombre de décès liés à la consommation abusive du tabac.
« L’industrie du tabac foule aux pieds les textes »
L’apposition des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes est une méthode de lutte efficace contre la consommation abusive du tabac. Mais selon les conférenciers, cette méthode de lutte est rejetée par l’industrie du tabac qui « foule aux pieds » l’arrêté conjoint N°2015-366/MS/MICA du 7 avril 2015 portant fixation des modalités d’application du décret N°2011-1051 portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso. Cet arrêté exige l’apposition des avertissements sanitaires graphiques de 60% sur les paquets et cartouche de cigarettes. Dans ce sens, ACONTA et ses partenaires pensent que la mise en œuvre des exigences de 60% au Burkina Faso fournira une « protection efficace à tous les citoyens burkinabè ».
Aussi, semble-t-il que l’industrie du tabac au Sénégal, n’a eu que 9 mois pour se conformer à l’arrêté sur les avertissements sanitaires adopté en 2016 alors qu’au Burkina Faso, depuis plus de deux ans l’industrie du tabac refuse de s’y conformer.
Les conférenciers invitent donc le gouvernement burkinabè à tout mettre en œuvre pour amener l’industrie du tabac à sa respecter les lois du pays. En rappel, il est dénombré 4.400 décès par an causés par le tabagisme au Burkina Faso. « Notre rôle, c’est de protéger la santé de tous les Burkinabè y compris les fumeurs », a dit Salif NIKIEMA. Selon les conférenciers, l’apposition des avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes ne fera pas de la cigarette un produit illégal.
Alida TOURE