Abolition de la Peine de Mort au Burkina : Plus de la moitié des burkinabè est contre
Le Centre pour la Gouvernance et le Développement (CGD) a livré les résultats du sondage qui a été fait par Afrobaromètre et guidé par l’Institut pour la Gouvernance et le Développement (IGD), sur un échantillon de 1.200 adultes burkinabè en milieu rural et urbain en septembre 2017 en ce qui concerne l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso. Cette étude a révélé que 54% des Burkinabè désapprouvent l’abolition de la peine de mort, mieux ils souhaitent sa conservation dans la loi pour dissuader les personnes qui commettront des crimes violents comme le viol, les attaques à mains armées, les meurtres.
L’équipe Afrobaromètre au Burkina Faso, dirigé par l’institut pour la Gouvernance et le Développement, a recueilli les opinions de 1.200 adultes burkinabè en septembre 2017. Cette enquête a révélé que plus de la moitié des Burkinabè (54%) pensent que la loi devrait conserver la peine de mort pour les personnes qui commettent des crimes violents comme le meurtre, le viol, ou les attaques à mains armées. A entendre Anselme SOMDA, Chargé de programme du CGD, par ailleurs, présentateur des résultats de cette étude, l’opinion burkinabè n’est pas tout à fait prête à accepter l’abolition de la peine de mort. Il ajoute qu’au niveau de son corpus juridique, le CGD est favorable à l’abolition de la peine de mort parce que « ça permet au Burkina Faso d’être en phase avec plusieurs instruments internationaux qui ont été ratifiés par notre pays », dit-il avant d’ajouter que dans la constitution de 1991 en son article 2, il est dit clairement qu’il faut protéger la vie humaine. Il pense que la perpétuité peut être un palliatif à la peine de mort pour les personnes qui commettent des crimes violents.
Pour le CGD, la loi pénale qui a été adoptée renforce l’état de droit démocratique au Burkina Faso. Anselme Somda a souhaité que, pour une bonne appréhension de cette loi par la population à la base, qu’il y ait un travail de sensibilisation de nos dirigeants aux populations, sur bien-fondé de cette nouvelle disposition.
Même si plus de la moitié des Burkinabè (54%) estime que la peine de mort devrait être conservée pour les personnes qui commettent certains crimes violents, 40% n’épousent cette opinion. Chaque opinion vari selon le milieu de vie de chaque Burkinabè. Selon ce sondage, les ruraux sont majoritairement favorables à la conservation de la peine de mort par la loi (55%), en revanche, les citadins eux, semblent partagés : 47% pour et 47% contre.

A cette conférence débat, des participants ont dénoncé la célérité dans laquelle la loi a été votée à l’Assemblée nationale. Pour ces participants, même si le code pénal qui a été adopté à l’Assemblée nationale renforce l’état de droit démocratique au Burkina Faso, la diligence dans laquelle la loi a été adoptée ne les rassure pas.
Aziz DABO de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) a marqué son incompréhension quant à « l’urgence » dans l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso. Il estime que cette diligence dans l’adoption du nouveau code pénal cache une action politique d’user de tous les moyens nécessaires pour faire comparaitre François Compaoré (frère cadet de Blaise Compaoré, ancien chef d’Eta) devant les juridictions du Burkina Faso pour son implication présumée dans l’assassinat de l’illustre Journaliste d’investigation Norbert Zongo et de ses compagnons.
Pour Marc BELEMLILGA du Leadership Jeune pour la Paix et le Développement Afrique/Burkina Faso (LEJEPAD/BF), si l’abolition de la peine de mort est pour se conformer aux textes internationaux comme l’explique l’Etat burkinabè, il faudra aussi, selon lui, songer à ce que le milieu carcéral au Burkina Faso se conforme aux prisons internationales.
Quant à Daouda BALE, du Mouvement Burkinabè des Droits des Hommes et des peuples (MBDHP), la décision prise par les députés d’abolir la peine de mort est « courageuse ». Il pense pour sa part que chaque homme doit poser des actes allant dans le sens de la protection de la vie humaine. Pour lui, la prison à perpétuité peut être une sanction palliative à la peine de mort pour les personnes qui commettront des crimes violents.
Au regard du nombre élevé de personnes qui désapprouvent cette nouvelle disposition au Burkina Faso, des participants à cette conférence débat ont suggéré qu’avant de procéder à l’abolition de la peine de mort de façon unilatérale, il aurait été mieux pour les dirigeants de passer par voie référendaire.
En rappel, la peine de mort n’existe plus dans le nouveau code pénal burkinabè.
Alida Dorcas TOURE