Cybercriminalité : Un gang composé d’étudiants burkinabè et d’étrangers interpellé
L’Etat major de la gendarmerie a animé un point de presse le lundi 13 février 2017 à Ouagadougou. Le commandant d’unité de la section de recherches de la gendarmerie, le capitaine Isaac Sanon accompagné de ses collaborateurs a présenté aux homes de médias, un gang spécialisé dans la cybercriminalité.
Ils sont au nombre de quatre à avoir été interpellés par les forces de sécurité. Deux sont des Burkinabè, le premier étudiant en 1re année de droit et le second en 3e année de Philosophie. Les deux derniers sont des étrangers dont l’identité n’a pas été dévoilées car l’affaire n’est pas encore bouclée, a confié le commandant d’unité de la section de recherches de la gendarmerie, le capitaine Isaac Sanon. Il a néanmoins donné le nom du cerveau du gang qui se nomme Germano de Francisco Boko. Il est de nationalité étrangère et est diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) dans son pays d’origine a souligné le capitaine. L’interpellation de ces quatre a été possible suite à de multiples plaintes portées à l’unité pour arnaque contre X par voie de cybercriminalité selon le capitaine Isaac Sanon. Il a indiqué que la perquisition du domicile situé dans la cité Azimo de Ouaga 2000 des présumés auteurs, a permis de mettre la main sur 26 téléphones portables, un ordinateur portable, 43 puces de cinq pays de la sous-région et un pays européen, une clé USB ainsi que des documents de transfert d’argent, un modèle de lettre d’appât et d’adresse des victimes enfouis dans un WC.
Le mode opératoire
Trois méthodes sont utilisées par les arnaqueurs pour arriver à leur fin si on en croit le principal conférencier du jour. Il s’agit du triangle, du wash et du métal. Le capitaine a indiqué que grâce à ces trois « instruments » le gang appâte ses victimes aux moyens de multiples téléphones en utilisant un logiciel capable de faire apparaître sur le numéro appelé l’indicatif de n’importe quel pays à partir de sa position. Il confie qu’en ce moment, il fait croire à qui veut l’écouter de l’existence d’un projet rentable mais il a besoin de soutien financier pour le réaliser. Dès que vous mordez à l’hameçon, vous en devenez victime a-t-il soutenu. D’après lui, une vingtaine de personnes ont été victimes de cette bande. Le montant du préjudice financier est évalué à 25 millions de francs CFA a révélé le capitaine. Il a confié que l’enquête suit son cours car certains membres du groupe sont en cavale. En attendant de mettre la main sur ces derniers, le patron de la conférence de presse a appelé la population à plus de vigilance et de collaboration avec les services de sécurité en dénonçant toute activité suspecte à travers les numéros vers qui sont le 16 ou le 17 ou le 10 10.
Que signifient le triangle, le wash et le métal ?
Selon l’adjoint du commandant de l’unité de la section de recherches de la gendarmerie, le major Arsène Bado, le triangle est le plus simple des trois méthodes. Il s’agit pour le cybercriminel de contacter sa probable future victime d’après lui. Il confie que ce dernier assis quelque part, a à sa disposition de multiples téléphones sur lesquels il a installé des logiciels qui lui permettent de faire apparaitre sur le téléphone de celui qu’il a ciblé l’indicatif téléphonique de n’importe quel pays. A titre d’exemple, « s’il veut se faire passer pour quelqu’un qui contacte son récepteur de la France ou de n’importe quel autre pays, il lui suffit tout en étant dans le même pays que ce dernier et peut être même à quelques mètres de lui, d’activer des logiciels certains pour changer l’indicatif téléphonique et d’autres pour changer la voix de l’émetteur et le tour est joué. Selon le major, Germano de Francisco Boko cible sa victime par le net. Il étudie ses actions avant de le contacter. Une fois l’avoir contacté, il le met en confiance avant de lui proposer une affaire juteuse. La victime mise en confiance sans se douter de quoi que ce soit, pense que l’appel vient effectivement de la France et se laisse piéger a souligné le second conférencier du jour. Ceci est la première étape de l’arnaque d’après lui. Il a confié que la seconde consiste à renvoyer sa victime à un autre numéro lui faisant croire que ce dernier est hors du pays. En réalité il ne s’agit que de la même personne qui se sert de l’ordinateur pour berner sa victime. Il lui fait croire en ce moment qu’elle est en relation avec quelqu’un d’autre. Ceci selon lui, convint l’appât qu’il a à faire à deux personnes différentes et résidentes dans deux pays différents. A partir de l’a il lui fait comprendre que pour profiter de ladite affaire, il va falloir qu’il passe par le second interlocuteur en déboursant de l’argent afin de supporter les frais relatifs à l’affaire qu’il lui propose. Et comme ce n’est pas lui qui demande, certains se laissent avoir facilement. Et une fois qu’ils mordent à l’hameçon, il leur demande encore une peut plus selon le processus d’avancement de l’affaire jusqu’à ce qu’il ne commence par se douter de quelque chose et il coupe tout contacte avec lui » a expliqué Arsène Bado.
En ce qui concerne le wash, le conférencier a confié que le procédé consiste à faire croire qu’il existe une fortune sous forme de billets de banque. Comme le Burkina Faso a connu une insurrection populaire, le cybercriminel fait croire à son appât qu’il est l’intime d’un ancien dignitaire qui a en sa possession une masse d’argent qu’il a marqué. Le problème selon lui est que cet argent ne peut pas être dépensé sans que les billets ne soient lavés et que les marques supprimées. Afin de vous rassurer, il fait une première démonstration en lavant une certaine somme devant vous avant de vous la remettre pour que vous l’utilisiez. Une fois que vous êtes convaincus de sa sincérité, vous revenez vers lui, et là il vous fait comprendre que les billets s’élèvent à 200 millions voir 300 millions et que si vous êtes en mesure de financer l’achat de l’encre qui coûte cher, vous partagez le magot à 50%. Une fois de plus, il vous renvoie à son complice qui est censé avoir l’encre en question. Animé par le désire d’être millionnaire par la voie facile, certains se laissent berner et finance le faux encre avant de se rendre compte qu’ils ont été dupés a expliqué le major Arsène Bado.
Le métal est un peu plus compliqué car il prend un peu plus de temps a souligné l’adjoint du commandant de l’unité de la section de recherches de la gendarmerie, le major Arsène Bado. D’après lui, il concerne le domaine de l’or. Il raconte : « Pour réussir leur coup, ils vont cibler des individus qui veulent de l’or et leurs font croire qu’ils occupent une position importante dans l’administration ou dans une société minière qui leur permet de leur faciliter l’acquisition de l’or. Au besoin, ils vous fourniront quelques grammes de ce métal d’une manière ou d’une autre. Et dès que vous mordez à l’hameçon, ils vous montrent le circuit par lequel l’or désiré vous sera livré. Si vous remplissez les conditions qu’ils vous ont imposé, ils vous fournissent de faux ors et disparaissent ».
Par Alex SAWADOGO