Témoignage d’un ex-détenu de la MACO : Hier vendeur et consommateur de drogue, aujourd’hui comédien
Ousmane Kaboré, si ce nom ne vous dit rien, sachez qu’il s’agit de ce comédien burkinabè qui, avant de se lancer dans la comédie, n’était qu’un bandit, un consommateur et un vendeur de drogue. Ceci lui a valu de passer 18 mois derrière les barreaux. Libre depuis un certain temps, l’ex-« dealer » s’est reconverti en comédien ; un métier qui lui permet de gagner dignement son pain quotidien. C’est dans un esprit de conscientiser la jeune génération qu’il a accepté raconter son histoire digne d’un film d’Hollywood.
On dit souvent que « les conséquences corrigent mieux que les conseils ». Ce n’est pas Ousmane Kaboré qui dira le contraire. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est un comédien burkinabè qui a séjourné à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Ce sont ses voisins qui sont la source de son malheur diront certains. Pour lui, ils ne sont que ses bienfaiteurs ; car « grâce à eux, je suis revenu sur le droit chemin aujourd’hui » a-t-il souligné. En effet, selon ses explications, il a été dénoncé par ses voisins à la gendarmerie pour consommation et vente de drogue. Interpellé, il va passer trois jours dans les locaux de la gendarmerie, avant d’être déféré à la MACO par le parquet et condamné le 25 août 2014 à 18 mois de prison par le tribunal de grande instance de Ouagadougou a-t-il indiqué. Son histoire est tout aussi édifiante et digne d’intérêt. Il était en effet à l’époque, un jeune inconscient comme nombreux de sa génération et vivait sans se soucier des règles de la société. Il faisait partie de la catégorie de ceux dont la société considère comme des bandits. Pour n’avoir pas fait de longues études, il a confié avoir néanmoins appris la coiffure comme métier, malheureusement, par manque de moyens, pour ouvrir un salon afin de gagner dignement sa vie, et face à des parents quelques peu absents en matière d’éducation parentale ; le comédien livré à lui-même a commencé par se droguer en étant consommateur et vendeur selon ses mots. S’il se croyait intouchable en ce moment et prenait du plaisir dans son vice, il va se rendre compte très vite que le destin en a décidé autrement en ce qui lui concerne. Le bandit des rues de Ouagadougou va se retrouver en prison, un lieu qui lui permettra de prendre conscience.
La MACO : « ce qu’il me fallait pour revenir sur le droit chemin »
Dénoncé par ses voisins, Ousmane Kaboré dit ne pas leur en vouloir. Au contraire, il dit leur être reconnaissants, car, c’est grâce à eux ajoute-t-il, que je suis revenu sur le droit chemin, moi qui était perdu. A l’inverse de certains détenus, qui, une fois sorti de prison deviennent pires que ceux qu’ils étaient avant, l’ex-détenu a pris conscience de sa situation et a réussi à surmonter les obstacles qui s’étaient dressés sur son chemin. Si on s’en tient à ses dires, la prison corrige et forme l’homme. En effet, si Ousmane Kaboré vit de la comédie aujourd’hui c‘est grâce à son séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou ; « ce que je fais aujourd’hui, je l’ai appris à la MACO » a-t- il ajouté. Il a confié qu’à la MACO, les détenus ont la possibilité d’apprendre, la menuiserie, la mécanique, la boulangerie, etc. Lui personnellement, il s’est donné une chance dans la culture en se formant dans la comédie, en apprenant à jouer à la guitare ; une formation qui lui a valu l’obtention d’une attestation. Aujourd’hui libre, il vit de la comédie et joue même des rôles avec la célèbre troupe « Wendpenga » a confié le repenti.
L’autre fait important à souligner, c’est que le jeune Ousmane qui se croyait être le maître du monde, n’était pas un croyant avant d’aller en prison. Mais une fois derrière les barreaux, il est devenu croyant où il a demandé à Dieu de le protéger durant son séjour contre les maladies et autres maux qui regnent dans cet univers carcéral. Dieu qui est amour et bon a exaucé ses prières. Durant son séjour, il était à ses côtés en le protégeant contre « vents et marées».
Les conseils d’un ex-détenu
Aujourd’hui Ousmane Kaboré, après avoir passé 1 an et 6 mois en prison est libre. Laissant derrière lui ses années de « galères », il n’est plus prêt à retomber dans les mêmes travers. Il déconseille vivement les jeunes de suivre son mauvais exemple. Selon lui, il est important de se battre dans la vie quelques soient les difficultés ; et non de se donner à la facilité. Si lui personnellement, il n’a pas eu la chance de faire de grandes études, il conseille en revanche la jeune génération de faire de l’école une priorité car : « les études ramènent un diplôme, gage d’un emploie, et qui éloigne l’homme de l’incivisme » a-t-il soutenu. Pour les actuels pensionnaires de la MACO, ce sont des messages d’encouragement qu’il leur adresse. D’après lui en effet, il n’y a pas lieu de perdre espoir, car, la prison n’est pas forcément un lieu mauvais. Se basant sur son exemple, il estime qu’elle forme également ; « il suffit simplement d’avoir de la volonté » a-t-il souligné. Il a la volonté, c’est pour cela que depuis qu’il jouit de sa liberté, il s’est éloigné de ce produit prohibé qui a failli gâcher sa vie. Il a pour sa part invité ceux qui continuent de consommer la drogue ou sont tentés à en consommer à s’en éloigner. C’était là le témoignage et les conseils d’un ex-détenu.
Alex SAWADOGO