Procès putsch manqué : Le Colonel-major Kiéré accuse le général Zagré d’avoir accompagné le coup d’Etat
Le Colonel-major Bouréima Kiéré poursuivit pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat ; meurtres ; et de coups et blessures dans le dossier du putsch manqué était à la barre le lundi 12 novembre 2018. Celui qui a plaidé non coupable a comme son prédécesseur accusé les sous-officiers d’être les auteurs du coup d’Etat. Lors de cette audience, le nom du général Pingrénoma Zagré, chef d’Etat major général des armées au moment des faits est ressorti. A en croire, l’accusé, il a accepté accompagné le coup d’Eat en assurant le maintien d’ordre.
Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat ; de meurtres ; et de coups et blessures dans le dossier du putsch manqué, le Colonel-major Bouréima Kiéré a reconnu avoir posé des actes durant les évènements mais a plaidé non coupable. S’il reconnait avoir posé des actes durant les évènements, il faut croire qu’il l’a fait sous la contrainte quand on se réfère au récit qu’il a fait. Pour sa défense en effet, le prévenu va indiquer que lors de la réunion avec le général Gilbert Diendéré, réunion au cours de laquelle le général a informé les officiers de la prise en otage des autorités de la Transition, il y avait un rapport de force. Il explique que c’est la première fois au RSP qu’il assistait à une réunion des officiers avec un élément en arme dans la salle. Il ajoute qu’en plus de cela, le bureau du chef de corps dans lequel a eu lieu la réunion, était encerclé par des hommes en armes. « Je ne peux pas me permettre dans ces conditions de dire au général que j’étais contre lui » a-t-il soutenu.
Il est au courant du soutien du Togo et de la Côte d’Ivoire
C’est l’accusé qui a donné l’instruction sur ordre du général Gilbert Diendérré au capitaine Gaston d’aller récupérer du matériel en plus une valise le 19 septembre à la frontière avec la Côte d’Ivoire. Pour la réussite de ladite mission, il confie être rentré en contact avec un officier ivoirien à savoir le lieutenant Claude Touré qui à l’en croire était chargé de coordonner la mission. Pour ce qui est de la mission à la frontière togolaise, le colonel-major reconnait être au courant, mais nie avoir ordonné cette mission au chef de corps du RSP, Aziz Korogo. Parlant du chef de corps, l’on se souvient, qu’il avait accusé certains sous-officiers d’être les auteurs du coup d’Etat en dédouanant par la même occasion le général Diendéré considéré comme étant le cerveau. L’accusé à la barre ce lundi 12 novembre 2018 fera de même ou presque quand il déclare : « j’ai vu le général et il m’a fait savoir que les éléments n’entendaient pas libérer les autorités car ils leur reprochaient de vouloir dissoudre le RSP et prônaient l’exclusion ». Il va confirmer les propos du général en se basant sur l’attitude adoptée par les sous-officiers au cours de la réunion avec la CRAD qui a souhaité la libération des autorités de la Transition. Il explique qu’au cours de cette réunion à laquelle il a pris part, les éléments ont fait savoir qu’ils n’entendaient pas libérer les autorités en question tout en affirmant qu’ils venaient de faire un coup d’Etat. Si on veut le croire, ces propos ont été tenus par le major Badiel, l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo et l’adjudant Florent Nion. L’officier à la barre va enfoncer encore plus les sous-officiers en les accusant d’avoir menacé la délégation de la CRAD de ne pas la laisser aussi sortir de la présidence.
Le colonel-major décharge Damis et charge le général Pingrénoma Zagré
Qui a rédigé le communiqué du CND ? Qui étaient présents lors de a rédaction ? Ce sont autant de questions qui sont posées à la grande partie des accusés. En réponse auxdites questions, le prévenu va confier qu’il a appelé le capitaine Dao qui lui a apporté le communiqué en question au ministère de la Défense après que le général lui a fait savoir qu’il a vu une déclaration dans les mains des jeunes sans les nommer. Il rappelle que ce n’est qu’après qu’il a lu le communiqué devant la hiérarchie militaire que le général a déclaré qu’il assumerait le coup d’Etat et a demandé au chef d’Etat major général des armées à l’époque, le général Pingrénoma Zagré de l’accompagner. Selon ses dires, le général Zagré a accepté l’accompagnement voulu en assurant le maintien de l’ordre. Il explique que le chef d’Etat major de la gendarmerie a quant à lui indiqué qu’il avait un problème de matériel. En réponse à cette inquiétude, le général Diendéré l’a rassuré qu’il allait user de ses relations pour satisfaire sa requête. Revenant au communiqué, le colonel-major kiéré a indiqué qu’il l’a vu dans le bureau du chef de corps en présence de la majorité des officiers du RSP, et du magistrat colonel Abdoul Karim Traoré. Contrairement au chef de corps, il va soutenir n’avoir aperçu dans son bureau, ni le journaliste Adama Ouédraogo dit Damis ni l’ex-bâtonnier Mamadou Traoré. Pour ce qui est du communiqué faisant du général Gilbert Diendéré le chef de l’Etat, l’officier militaire reconnait être le signataire. Pour se dédouaner, il soutient que c’est le général qui lui a fait savoir que c’était à lui de le faire. Selon l’accusé, il a signé le communiqué en question en étant sous pression. Tout en reconnaissant que c’est un ordre illégal qu’il a exécuté, il va rappeler au Tribunal qui le juge qu’à partir du moment où le CEMGEA a accepté assurer le maintien d’ordre, lui entant que son subordonné ne pouvait pas refuser d’accompagner le mouvement. Son accompagnement si on veut le croire, c’est en signant le fameux communiqué.
Thierry LEGRAND