Putsch manqué de septembre 2015 : Roger Koussoubé dit le Touareg à la barre
Le sergent-chef Roger Koussoubé dit le Touareg a été appelé à barre ce mardi 10 juillet 2018. Il est accusé d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires, de complicité de dégradation de biens et d’incitation à commettre des actes contraires à la discipline et au devoir. Que retenir de son récit à la barre ?
Né en 1976 à Bobo Dioulasso, marié et père de 5 enfants dont des jumeaux, le sergent-chef Roger Koussoubé, surnommé le Touareg pendant les évènements de septembre 2015, a reconnu « partiellement » les faits à lui reprochés, insistant sur la dégradation de biens parce qu’il affirme avoir été à Savane FM à la recherche de la radio qui émettait pendant le coup de force du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) le 16 septembre 2015. De là-bas, ceux qui étaient présents pour la circonstance ont emporté une clé USB et l’unité centrale de l’ordinateur. Chose qui a été consignée au niveau du poste de commandement.
Roger Koussoubé a été cité par l’adjudant-chef Nion Jean Florent et le Major Badiel Eloi comme étant celui que le général Gibert Diendéré a utilisé pour leur transmettre son message. Roger Koussoubé aurait été celui qui leur a informé que le général Diendéré avait instruit de faire un coup d’Etat. Mais l’accusé à la barre a rejeté du revers de la main toutes ses accusations. « Ce qu’ils (Badiel et Nion) rapportent, ce n’est pas vrai », a lancé l’accusé à la barre, poursuivant qu’il est venu (dans l’armée) trouvé que le général Diendéré était chef d’Etat-major particulier mais il n’y avait pas de rapport entre eux pour qu’il lui fasse confiance au détriment des officiers jusqu’à aller lui donner un message d’arrestation d’autorités à transmettre aux sous-officiers. « Je ne cherche pas à défendre le général (Diendéré). Il n’y a aucun lien parental entre nous. L’adjudant Nion a cherché à nuire toute une famille, celle du général Diendéré bien sûr. Il n’a pas vu l’épouse du général et il vient affirmer à la barre qu’il l’a vu ». C’est l’explication donné par le Touareg pour donner un peu plus de crédit à sa position selon laquelle l’adjudant Nion et le major Badiel n’ont pas dit la vérité à la barre.
Le Touareg charge Djibril Bassolé
Depuis le début de l’interrogatoire des accusés en date du 29 juin 2018, c’est la première fois que le nom du général Djibril Bassolé a été cité par un accusé à la barre. Le sergent-chef qui dit avoir été un agent de renseignement dans le corps sous instruction du Premier Ministre (PM) Zida, aurait découvert que Djibril Bassolé, le seul général que compte la gendarmerie dans ses rangs, avait un camp au sein du RSP qui était sous ses ordres. Ces éléments avec à leur tête l’adjudant-chef major Badiel Eloi et l’adjudant Nion Jean Florent, travaillaient en droite ligne des attentes de Djibril Bassolé. « Avant, pendant et après l’arrestation du général Bassolé, le major Badiel était celui qui lui donnait les informations », foi de Roger Koussoubé.
« Le général Bassolé n’est pas du RSP, comment expliquez-vous le fait qu’il ait un camp au sein de ce corps ? », a demandé Me Somé Séraphin à l’accusé. « Vous avez dit que nous ne sommes qu’au début du procès. Dans la suite de l’audience, avec le temps, vous comprendrez que le général ne s’est pas retrouvé là-bas par hasard », a répondu Roger Koussoubé.
En plus du général Djibril Bassolé, il y avait le camp des pro-Zida et celui de ceux qui étaient restés fidèles aux corps. Dans le camp des pro-Zida, il y avait le sergent Compaoré, le soldat Nadié ainsi que d’autres personnes. Ces personnes avaient pour mission de recruter, de soudoyer et d’intoxiquer certains éléments. Mais à entendre l’accusé, le général Diendéré n’avait aucun camp.
Roger Koussoubé, agent de renseignement de Zida au sein du RSP
Par le biais du capitaine Flavien Kaboré, Zida avait pu rentrer en contact avec le sergent-chef Koussoubé Roger, lui demandant de « travailler à renforcer le corps » mais aussi de « travailler à ce qu’il n’y ait pas de division dans le corps ». Ces propos, selon l’accusé, prouvent à souhait que Zida ne voulait pas la dissolution du corps. Il ne voulait plutôt pas voir certains officiers demeurer dans le corps parmi lesquels il y a le général Diendéré, le capitaine Dao Abdoulaye, le colonel-major Boureima Kéré.
Zida lui aurait ainsi instruit de jouer le rôle d’un agent de renseignement et de lui fournir toutes les informations sur ce qui se passe au corps. Il aurait même reçu huit (8) millions de la part de Zida qu’il a rendu compte à son chef de corps. Après cet épisode, Zida a cherché à le rencontrer personnellement mais le sergent-chef dit avoir refusé de le rencontrer parce qu’il se disait que c’était pour une probable proposition de contribuer à nuire le général Diendéré.
Les conseils de l’accusé Maitres Alexandre Sandwidi et Michel Traoré ont indiqué que leur client est resté sincère et constant dans ce qu’il dit. Ils ont dans ce sens invité chacun à porter sa croix.
L’audience a été suspendu aux environs de 17h et reprendra le 11 juillet 2018 à 9h.
Alida Dorcas TOURE