Expansion de l’agriculture irriguée au Sahel : le CILSS et ses partenaires lancent le PARIIS
Ce jeudi 8 novembre 2018 s’est tenu le lancement officiel du Projet d’appui régional à l’initiative irrigation au Sahel (PARIIS). Coordonné par le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et financé en grande partie par la Banque mondiale, ce projet vise à réunir les conditions nécessaires pour le développement de l’agriculture irriguée au Sahel. Ceci dans l’atteinte des objectifs de la « Déclaration de Dakar », par la mise en place d’actions pour la réalisation d’investissements dans ce secteur.
Il pleut environs 4 mois de l’année dans les pays du Sahel. L’agriculture est dépendante de cette pluviométrie et la maîtrise de l’eau reste une problématique réelle. Dans cette optique, les chefs d’Etat des six pays membres de la CILSS se sont réunis à Dakar en 2013 afin de lancer l’Initiative pour l’irrigation au Sahel (2is). Initiative visant à accroître les investissements dans l’agriculture irriguée et couvrir un million d’hectares. A l’issue de cette rencontre, les pays membres du CILSS et leurs partenaires techniques et financiers ont mis en place une équipe dirigée par le CILSS, chargée d’instruire un programme régional. Après 5 ans d’étude, le Projet d’appui régional à l’initiative irrigation au Sahel (PARIIS) a vu le jour à Ouagadougou à travers cette cérémonie de lancement.

Au cours de son intervention, le secrétaire exécutif du CILSS Dr Djimé Adoum, a déclaré que « le développement de l’agriculture irriguée n’est plus un choix pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle ». Pour lui, l’importance du PARIIS se résume du fait qu’il vise à « améliorer la capacité des parties prenantes à développer et à gérer l’irrigation et à accroître les superficies irriguées en suivant une approche régionale basée sur les solutions pour les cinq types de systèmes d’irrigation identifiés par la Déclaration de Dakar ». Ces types de systèmes d’irrigation sont : l’aménagement de bas-fonds et de la décrue contrôlée, de la petite irrigation individuelle privée, de l’irrigation communautaire, de la grande irrigation publique et de l’irrigation à travers le partenariat public-privé.

Selon le Ministre de l’agriculture et des aménagements hydrauliques, Jacob Ouédraogo, les investissements au Burkina Faso porteront sur 5 950 hectares répartis dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Nord, du Centre et du Centre-Ouest, ainsi que dans les provinces du Houet et du Tuy.
« Un partenariat public-privé avec la SOFITEX concernant l’irrigation de type 5 du PARIIS est développé », a ajouté le ministre Jacob Ouédraogo avant d’exprimer sa reconnaissance vis-à-vis de la Coopération espagnole qui s’est engagée à apporter 35 millions de dollars américains à trois pays du projet à savoir le Mali, le Niger et le Sénégal, et à accompagner le CILSS dans sa mission de coordination.

Selon la Banque mondiale, principal bailleur de fonds, le PARIIS représente un changement de paradigme par rapport aux approches traditionnelles. Rappelons que cette institution financière soutient le projet à hauteur de 170 millions de dollars sur six ans. A en croire le représentant-résident de la Banque mondiale au Burkina Faso, Cheick Kanté, l’attention de tous les ministres doit être beaucoup plus portée sur la pérennisation des hectares aménagés que sur l’aménagement de nouveaux hectares. « Pour cela, le système de suivi-évaluation doit être renforcé et les modalités de capitalisation des expériences et d’apprentissage doivent être placées au cœur des stratégies de développement de l’irrigation », a-t-il conclut.

Prenant la parole devant l’assemblée, le président d’honneur du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’ouest (ROPPA), Mamadou Cissokho, a déclaré d’emblée que cette cérémonie ne devait pas se tenir dans un hôtel mais, plutôt dans une zone où la petite irrigation a existé depuis 20 ans, surtout dans un pays comme Burkina Faso qui reste un pionnier. Cette cérémonie de lancement devait se tenir auprès des populations pour qu’elles sachent que ce qu’elles ont fait est bien. « L’on a manqué l’occasion de rendre hommage aux populations et à la politique burkinabè en matière d’aménagement, a-t-il lancé. En poursuivant, M. Cissokho a plaidé pour l’application des conclusions des déclarations de Maputo et de Malabo qui stipulent que 10% des budgets des Etats soient consacrés au secteur agricole.

Un appel a été lancé à l’endroit d’autres partenaires techniques et financiers à rejoindre le PARIIS. Il s’agit entre autres de l’Agence française de développement, de la Coopération japonaise, de la Banque islamique de développement, de la Banque africaine de développement, etc.
Avant de clore son propos, le secrétaire exécutif du CILSS Dr Djimé Adoum a exhorté la presse à suivre de bout en bout toutes les actions qui seront menées par les différents pays. Ceci afin de mesurer l’impact sur les 58 000 bénéficiaires directs visés par le projet. A noter que de ces 58 000 bénéficiaires directs, les femmes représentent 35%.
Dieudonné LANKOANDE